Le matin de Noël, on est partis tard de Palenque (à 10h05 précisément), après quelques appels familiaux en profitant du WiFi de l’hôtel. Ça n’a l’air de rien 10h05, mais pour faire une soixantaine de kilomètres au cagnard, c’est beaucoup trop tard; mais ça, on ne l’avait pas encore appris. C’est en pédalant jusqu’à Chablé qu’on a commencé à comprendre que le soleil et ses rayons de chaleur allaient nous accompagner ces prochains jours. Jusque là, il était présent mais pas de manière aussi intense; il fait plus de 30°, humide, et sans ombre; on n’est pas habitués! On est donc arrivés dégoulinant à Chablé (salut les Valaisans!), juste après avoir passé la « frontière » entre le Chiapas et le Tabasco.
Le lendemain, on pouvait faire 50 ou 90 km (en fonction des hôtels trouvés sur Google Maps – pas très envie de dormir sous tente par cette chaleur). On a mis le réveil pour 6h35, confiants que ça allait le faire, que vraiment au piiiiire on ferait que 50km mais quand même on était bien cap de faire les 90. Finalement… Pas. Arrivés 10h40, on fait le point. On est cuits par le soleil mais ça nous embête de nous arrêter qu’après 50, trop fiers pour ça. Mais aussi, on se demande bien comment on va passer l’après-midi. Vu qu’on voit passer beaucoup de bus, on se dit qu’on pourrait en prendre un pour nous emmener jusqu’à Escárcega, histoire de nous sortir de la brousse. Il paraît que le prochain passe à midi (les sites de bus sont inutiles, tout comme les panneaux d’horaires puisqu’ils n’existent pas); on demande dans un magasin, où quelqu’un appelle « la personne qui sait », puis on croise l’info avec la famille qui semble être à demeure dans l’arrêt de bus; l’info semble fiable! On décide de l’attendre en ayant conscience qu’à chaque minute qui passe, l’atmosphère se réchauffe et que ça sera encore plus dur pour repartir à vélo, si on finit par le faire. Un premier bus passe à l’heure dite mais il est plein. Le chauffeur nous assure qu’il est suivi par un autre véhicule. On attend donc encore 20 minutes, gesticulons pour faire comprendre qu’on veut qu’il s’arrête et re-tentons notre chance. Pas de bol, il est aussi plein. Il paraîtrait qu’il y en a un autre à 14h.
Vu l’heure, la chaleur et la fatigue, on finit par jouer « défensif » (merci J+S pour l’inspiration) et nous résignons à rester à El Aguacatal. Par chance, un des deux hôtels sur Google Maps est ouvert et nous propose une chambre. Ça tombe bien, on dirait que Margaux a pris une bonne insolation et passe l’après-midi et la nuit à tenter de dormir entre ses coups de chaud et de froid.
Le lendemain, le réveil, fixé à 5h45 pour tenter de nous faire partir 45 minutes plus tard, ne sonne pas. C’est Margaux qui se réveille à l’heure du soi-disant départ grâce aux premiers rayons du soleil. Tant pis, on part à 7h15 en se disant qu’on a quand même gagné une demi-heure par rapport au matin d’avant (vous suivez?). On roule jusqu’à Mamantel à 65km de là, mangeons, trouvons une chambre et acceptons que l’après-midi soit consacré à un certain repos et au téléchargement de podcasts. Vu que le modeste WiFi n’arrive pas jusque dans la chambre, il faut se mettre dans le hall, qui est une sorte de serre. On se relaie pour faire ce qu’on veut tout en supportant la télévision allumée à coin un étage plus bas. Il semblerait que le son a été maintenu toute la nuit parce qu’au réveil, à 5h35 (on l’avance graduellement, je crois que vous avez remarqué), la télé résonne encore.
Ce lundi, on a que 40 km à faire pour arriver à Escárcega. Qu’est-ce qu’ils sont longs et pénibles! Il fait déjà 20 degrés à 7h du mat et on apprend que si la région est habituée aux chaleurs, elle se trouve dans une pleine vague de chaud, chic. Le plan est de terminer la journée en prenant un bus pour Campeche, histoire de faire une pause vélo. On reste dans cette ville connue pour être la seule ville fortifiée du Mexique. On va profiter d’une journée de break pour aller voir un spectacle « son et lumière » sur cette forteresse et l’histoire de la ville, buvons un délicieux chocolat chaud et mangeons une vraie salade depuis un mois. « Il n’y a pas de petits bonheurs! »
Le 30 décembre, on est sur la route à 6h45 avec deux options: pédaler 40 ou 60. Vu qu’on arrive pas trop naze au premier arrêt, on enchaîne pour le deuxième à Hecelchakán. Une partie de l’astuce, en plus de comprendre qu’il faut partir tôt, est d’écouter des podcasts. La route est bonne, plate, pas très intéressante et avec peu de trafic, c’est donc parfait!
Le dernier jour de l’année, on pédale encore avec cette fois un départ en même temps que le lever du soleil. C’est qu’on doit faire 80 km pour arriver à Muna. C’est le début de notre crochet puisque depuis là on compte laisser Melvin et Arion un jour pour se rendre à Uxmal, l’un des sites mayas importants de la région. On atterrit dans une petite chambre à l’étage qui possède un ventilo et une climatisation bruyante. L’eau chaude est en option mais on est content d’être arrivés. Pour fêter le dernier jour de 2021, on mange « chinois »: des nouilles, des légumes un peu différents des habituels mexicains et évidemment de la viande (manger végétarien est un vrai défi ici!). On discute aussi avec des chauffeurs de taxi et on fixe un rendez-vous pour le lendemain vu qu’aucun bus ne va jusqu’à notre destination. Couchés avant le passage officiel à l’an 2022, on se réveille à 7h pour se rendre à Uxmal. Malheureusement le chauffeur de taxi n’est pas là. Après un petit quart d’heure à attendre, on se rend à nouveau vers la zone de taxi où quelqu’un est d’accord de nous emmener.
Uxmal – Les aberrations des sites touristiques
Le site d’Uxmal est très beau avec une première « pyramide » impressionnante sur laquelle le visiteur tombe dessus directement; la « pyramide du Magicien ». Depuis l’esplanade du « Palais du Gouverneur », la vue est magnifique. Malgré toutes ces beautés, des éléments de la visite nous laissent un goût amer: le prix de l’entrée à plus que doublé depuis 2017, il est interdit de se balader avec nos petits sacs à dos et une partie des esplanades et monuments sont fermés au public. Limiter les accès à de grands espaces ouverts pour cause de COVID nous paraît assez absurde mais on tente de les suivre.
Autre grand malheur pour nous, le musée du chocolat (fondé par des belges à côté de l’entrée du site) est fermé le 1er janvier, bye bye la dégustation. De retour à l’hôtel, on pratique notre activité usuelle: faire des recherches pour la suite puisque les restrictions COVID des pays qu’on envisage pour la suite nous donnent des maux de tête.
Premiers hôtes Warmshowers du Mexique
Le 2 janvier, nous sommes de retour sur les vélos avant le lever du soleil. Dans la première demi-heure, Margaux parvient à déjà faire son premier pneu plat de l’année, ça tient du talent! Tenaces, on arrive à Mérida, capitale du Yucatán, chez Vikka le jour-même. Sa maison est chaleureuse, à son image. Ses filles adultes Karla et Naomi sont dans la cuisine. Quelques heures plus tard des amis de Vikka vont venir manger à la maison; on accepte évidemment d’être de la partie. En attendant, on profite de la fin d’après-midi pas trop chaude dans Mérida pour se balader et chercher un petit présent à ramener pour la soirée. Le soir, on rencontre ses fameux amis: ce sont en fait trois Canadiens dont un couple qui habite à l’année depuis quatre ans dans le même quartier et qui se débrouille relativement bien en espagnol (avec un bon accent), et une amie venue pour quelques jours (qui capte encore moins bien la langue que Margaux). Ambiance donc particulière avec Vikka la Mexicaine qui invite et sert ses invités qui sont un peu vites passés à l’anglais. On est un peu gênés. Heureusement, son excellent cocktail de Mezcal (la Tequila non-AOC du coin) nous aide à nous détendre et revenir à l’espagnol. On a aussi le plaisir de rencontrer son compagnon, Claudio, rentré tard de la pizzeria où il travaille. C’est un drôle de personnage! Il est parti de son Italie natale il y a quelques années pour faire Mexique-Ushuaia à vélo. Il s’est fait héberger en Warmshowers par Vikka et est tombé amoureux. Il l’a rejointe à la fin de son aventure et vit désormais avec elle. C’est un couple très sympa et curieux; ils nous posent de nombreuses questions sur la Suisse et notre ressenti du Mexique et de ses habitants. Voici d’ailleurs notre « interview » (on était un peu nazes et timides, vous allez vite le voir). C’est aussi sur cette vidéo que vous verrez notre grand départ de Mérida pour Progresso et Cancún. On vous raconte ce tracé tout bientôt :-).
Totaux (au Mexique)
- 803 km à vélo
- 2129m de dénivelé positif cumulé
- 895km en bus
- pneus crevés: 2 pour Margaux et 0 pour Didier