Cancún – Cancún – Cancún

On pourrait prétendre que l’on connaît Cancún comme notre poche vu le nombre de semaines qu’on y a passé mais ce serait faux. Explications.

Dans le monde merveilleux du « tout va bien », nous aurions dû décoller pour le Sud du Chili (et son aéroport de Balmaceda) le lundi 17 janvier. Mais quelques jours avant le grand départ, Margaux a les yeux explosés (comme après deux semaines de matinales sans sieste), un bon mal de crâne, la toux et un léger rhume. On espère que ce n’est pas le Covid. Malheureusement, le test PCR d’avant-vol douche nos espoirs, nous empêchant donc de voler. On avertit la compagnie par mail puis par téléphone pour s’assurer que le message est bien passé: on a donc 14 jours pour placer un nouveau vol. Vu l’état de la voyageuse, on patiente dans notre AirBnB qu’on loue maintenant directement au propriétaire. Le WiFi rapide et la découverte de Netflix nous aide à passer les journées. Au moins ça.

Alors que Margaux se sent mieux, c’est Didier qui commence à plonger. Un PCR effectué plus tard confirme notre pressentiment. C’est reparti pour plusieurs jours d’attente à zapper entre différentes séries, manger de la papaye, de la mangue jaune, et tenter de comprendre notre voisin du dessus (on vous en dit plus par la suite, patience). Didier fêtera donc son anniversaire malade, au Mexique. Autant dire que ce n’était pas ce qui était prévu mais bon, on se dit qu’on a quand même de la chance d’être bloqués là où nous sommes; ça aurait pu être bien pire.

On a quand même profité de nos moments pas trop malades pour explorer un peu la région: Isla Mujeres, le centre-ville et une rapide escapade dans la zone hôtelière et sa plage publique (pour les péquenots comme nous). Il n’y a pas grand chose à en dire, Cancún est une ville construite pour le tourisme de masse: la zone hôtelière est une longue plage bétonnée en hauteur desservie en navettes directement depuis l’aéroport et le « centre ville »  sans grand intérêt. Nous, on n’y est arrivés que pour son aéroport (qui nous aura refusé ses faveurs pendant deux semaines!). Bref, voilà quelques photos :-).

Pendant que Didier se remet gentiment, on travaille notre stratégie pour la suite. On décide qu’il est plus malin de refaire un PCR dans quelques jours, puis si les résultats sont négatifs, de vite appeler la compagnie aérienne pour prendre nos vols une vingtaine d’heures plus tard. C’est que nous avons maximum 72 heures entre les cutips dans le nez (et la bouche) et notre entrée sur territoire chilien. A noter qu’on passe d’abord par le Pérou, ce qui rend la marge de manœuvre assez faible. Entre-temps, on découvre une « faille du système »: on pourrait aller au Chili, même avec un test PCR positif. Il faut au moins dix jours entre deux PCR positifs pour valider une « guérison » et pour que la compagnie nous prenne. Cela voudrait dire un vol le mercredi 2 février, au pire. Par contre, le Chili impose une quarantaine de 7 jours si le PCR est positif. Si ce scénario se réalise, cela voudrait dire qu’on aura glandé UN MOIS à cause du Covid.  Et ça c’est si on peut sortir de quarantaine après 7 jours; le risque est encore que le Chili nous garde en isolement tant que nos PCR restent positifs.

Quelques idées, et du café

On se dit que ce n’était peut-être pas la meilleure des idées. Samedi 29 janvier, on liste les destinations possibles:

  1. USA (Houston-Charleston): le nombre de kilomètres est bien pour deux mois de vélo, une route existe avec des States Parks, hôtes Warmshowers et Motels pour passer la nuit et en plus, on repartirait depuis Charleston (donc avec un billet déjà payé puisque nous avions pris l’aller-retour). Bonus: on revoit la famille de Margaux quelques jours et les billets pour Houston ne sont pas chers. ➜ C’est l’option la plus confortable, presque trop.
  2. Mexique: on longe la côte du Pacifique puis pourquoi pas prendre un bateau pour le bout de Baja California puis remonter la région et arriver à Tijuana. C’est une option qui ne demande aucun PCR et est économique. ➜ Pas mal mais on a un peu l’impression de tourner en rond.
  3. Chili: c’était le plan de base. Il était super. C’était de l’aventure, de la découverte d’un autre endroit avec le confort d’une route à suivre avec quelques logements ici et là et du camping sauvage facile. Mais au vu de nos PCR positifs, la quarantaine quasi certaine à l’arrivée et peut-être encore prolongée par la suite rend le projet risqué. ➜ option super mais peu réaliste.
  4. Costa Rica (et Panama?): Un itinéraire que nous avons dans la tête depuis un moment mais il doit forcément se faire avec le Panama car les deux pays sont petits et nous ne voulons pas re-voler après un mois au Costa Rica. Problème: le Panama demande trois doses de vaccin dès le 28 janvier. Autre désavantage: il fait chaud et humide, ce qu’on aime que moyennement, surtout à vélo. ➜ Chouette à faire mais pas forcément à vélo.
  5. Espagne et Portugal: Une piste abordée pour le jeu de la réflexion mais sans grande envie. Il fait encore un peu froid en février-mars là-bas et on a pas très envie de « bousiller » notre cartouche Amériques pour aller en Europe les deux derniers mois de notre voyage. Autant découvrir ces pays une autre fois, en partant de Suisse. ➜ inadéquat avec nos envies actuelles.
  6. Pérou: notre vol initial pour Balmaceda passe par Lima. On pourrait sortir à ce moment-là. Cela permettrait d’utiliser en partie nos billets déjà achetés pour le Chili. La blague est que le mois de février est le pire pour aller au Pérou: il fait + de 30° et il pleut des cordes. Vu qu’on s’attrape déjà pas mal la pluie en temps normal, on a pas très envie d’aller dans le pays à ce moment-là. ➜ chouette mais la saison des pluies nous inquiète.
  7. Colombie: une idée proposée par Didier dimanche matin après avoir regardé si on pouvais pas aller en Bolivie. Une option impossible pour nous puisqu’un PCR est demandé. Ce n’est pas le cas de la Colombie. Il paraît que le pays est beau, que le vélo y est largement pratiqué et qu’il fait chaud dans certaine régions mais pas plus que 20 degrés dans d’autres. Ça nous plaît. ➜ option aventureuse mais tentante.

Choisir c’est renoncer

Après moult discussions, recherches et réflexions, on penche vers l’option des États-Unis. C’est la plus « safe » et on y voit plein d’avantages. Il y a seulement un problème: on a pas très envie d’y aller. On se dit que, quand même, on pourrait faire un choix un peu plus ambitieux. Alors on investigue un peu plus la piste de la Colombie (on a éliminé toutes les autres options). Après la lecture de quelques blogs, on prend la décision: on part demain en Colombie! Départ le lundi 31 janvier le soir pour arriver à minuit à Bogotá. Vivement!

Chargement compliqué sur le taxi
Chargement sportif d’Arion et Melvin sur le plus petit taxi de Cancún

Rahul

On ne peut pas finir ce post sans un aparté sur notre voisin du dessus, rencontré après quelques jours dans cet AirBnB. Américain de 27 ans qui semble un peu perdu mais surtout assez perché, Rahul a décidé de quitter le nord-est des États-Unis au début de l’année pour rejoindre Rio de Janeiro en voiture. Sa première étape l’amène déjà à Cancún, quasiment d’une traite. Il est parti avec sa voiture et ses affaires et a tracé pour venir jusqu’ici. Pour son plus grand malheur, il semblerait qu’il se soit fait voler un ordinateur tout neuf, de l’argent et ses eaux de cologne lors de deux passages de douane au Mexique. Si son « plan » est de rallier le Brésil en voiture, il n’a pas l’air hyper renseigné sur le tracé à faire et les complications possibles (par exemple: il n’y a pas de route entre le Panama et la Colombie, c’est le bouchon du Darién). Il évoque aussi l’idée de rester travailler à Cancún (il doit faire une vidéo promotionnelle pour une clinique dentaire depuis deux semaines). Au-delà de ses hésitations professionnelles, c’est un personnage assez spécial. Il n’a pas l’air d’être au courant de quelques normes sociales évidentes pour nous (genre qu’on est pas disposé à lui parler parce qu’on est au téléphone, qu’on discute de la suite en français entre nous ou que notre porte est fermée) et adore nous parler de sa pratique du satire et en particulier du lien « évident » entre les films Titanic et Inception. Lorsqu’il nous a dit qu’il avait vu Dieu en 2016 lors d’un trip un peu poussé à l’herbe, on a tout de suite mieux compris. Cela étant dit, c’est un personnage qu’on a apprécié parce qu’on a pu écouter ses théories farfelues, partager notre savoir sur la manière de se faire un café soluble et juste sortir de notre quotidien un peu déprimant. On lui souhaite le meilleur pour la suite, où qu’il soit!

Rahul et deux Suisses