Cette tranche de vélo marque la fin de notre première étape de voyage. Avant de sortir les violons et les mouchoirs pour se remettre de nos émotions, il faut quand même vous raconter nos quelques jours à LA et les quelques centaines de kilomètres parcourus pour se retrouver au plus proche de la frontière avec le Mexique.
On a donc pris trois jours pour visiter la Cité des Anges. Lundi matin, nous sommes allés à la rencontre des stars, enfin surtout leurs noms inscrits sur le Hollywood Walk of Fame. C’était impressionnant de voir le nombre d’étoiles dispersées le long du chemin, des deux côté de la route. Certaines étaient relativement bien placées (à l’entrée du métro par exemple), d’autres moins (loin des lieux touristiques et en face de magasins douteux). Évitant le micro-trottoir de l’humoriste Jimmy Kimmel qui tient un talk-show tous les soirs dans le coin, on a pris quelques transports publics pour se retrouver à Burbank où se trouve le QG de WB pour y faire une visite des différentes facettes de la production d’un film chez Warner Bros. On a déambulé dans les différents quartiers prêtés pour y tourner des scènes, admirés les faux et vrais arbres ainsi que les costumes de personnages de super héros et joué avec le système de doublage de voix.
Mardi, la matinée a été consacrée à la planification des prochains jours, c’est-à-dire calculer le nombre de kilomètres à faire chaque jour pour arriver à San Diego et trouver des logements. L’après-midi, on a fait une heure de bus pour se retrouver au bas du Griffith Park, trois fois plus grand que le Grand Central Park de New York (comme aiment à se la péter les Californiens). C’est vrai que c’était grand mais aussi joli et vallonné. Comme notre dernière chaleureuse Warmshower Kasey nous l’avait recommandé, on a grimpé jusqu’à l’observatoire Griffith pour y apprécier la vue et le coucher du soleil imminent. Départ ensuite pour Glendale, une autre bourgade du comté de LA, pour y pratiquer une activité aimée par vos deux cyclistes: du patin à roulettes! Cela a commencé par une heure de cours collectif, puis du temps libre pour se perfectionner sur de la musique. Malgré ses talents innés, Didier a appris quelques trucs et astuces supplémentaires. Margaux aussi, avec presque autant de classe.
Mercredi, on embrasse les nouvelles courbatures et marchons dans Beverly Hills. On se balade d’abord dans les quartiers pleins de grosses maisons sans trottoirs puis dans les rues des magasins hors de notre budget. On apprécie bien le contraste entre météo estivale et décorations de Noël.
Jeudi, il est temps de se remettre en selle. Vu qu’entre LA et San Diego, il n’y a pas de lieu de camp pour hiker-biker, on décide de faire les 155 miles qui nous séparent des deux villes en trois plutôt que quatre jours. On fait donc 85 km ce premier jour avec pas mal de vent de face. Heureusement que c’est Thanksgiving et que la route est presque entièrement à nous! Vendredi, on frôle les 90 km mais sommes moins fatigués que la veille grâce aux rafales de vent quasi inexistantes. On est accueillis chez Steve à Carlsbad; cet enseignant, à la retraite depuis quatre ans, nous offre des restes de la fête familiale et deux trois heures de discussions sur la situation des SDF, la naissance de Los Angeles et les diverses intrigues politiques pour avoir assez d’eau.
Le lendemain, on part presque en même temps pour chacun faire du vélo. Notre élan est stoppé rapidement pour des questions logistiques: on tente d’échanger un matelas acheté il y a 1 semaines à Santa Barbara. Malheureusement la pièce que nous recherchons n’est plus disponible malgré ce qu’indiquent certaines chaînes du magasin REI. On devra donc se contenter de notre matelas bien isolé mais sacrément étroit. Quelques heures plus tard, on arrive à San Diego! Nos warmshowers ont un peu de retard, on est donc obligés de boire une bière artisanale en les attendant dans un bar appelé le Rouleur. Une coïncidence qu’on apprécie encore plus sachant que ça fait deux mois qu’on est partis de Seattle!
Nos Warmshowers, Mélissa et son copain (aucune idée de son prénom) sont très réservés, une première pour nous. On tente de faire la conversation, demander quels sont leurs plans pour la soirée et le lendemain, etc avec assez peu de succès. Une bonne excuse pour prendre la fuite le soir et aller manger dans un restaurant néo-zélandais du quartier. En rentrant, les graines qu’on a semé quelques heures plus tôt ont pris. Ils proposent de faire un bout de route avec nous en direction de la frontière le lendemain. Heureux de cette socialisation, on file au lit. Enfin lit pour Margaux et matelas de sol pour Didier à quatre heures du matin, las d’être autant coincé sur ce lit pour enfant pas très large.
Dimanche, notre première demi-heure de vélo se fait à quatre. Arrivés en bas de la pente de San Diego, Mélissa et X nous lâchent en nous indiquant comment se rendre jusqu’à la frontière. Plus que la frontière, c’est surtout le mur qu’on veut aller voir. On y arrive à midi. C’est un endroit très curieux. Deux murs séparent les deux territoires. Ils vont même jusque dans l’océan. D’un côté, une réserve naturelle très calme, de l’autre un quartier vivant et agité, avec des jeux de balles et des plagistes. Le tout est évidemment surveillé par des centaines de caméras et quelques humains. À un moment, on voit une personne qui grimpe un mur avec un ballon mais puisqu’il revient du côté mexicain aucune intervention de la police américaine des frontières (à la réputation sulfureuse) ne semble nécessaire.
Le retour à San Diego se fait via Coronado et 8 minutes en ferry pour rejoindre la terre ferme. Le soir, on mange avec Mélissa et son copain et les remercions déjà pour leur hospitalité puisqu’on les quittera le lendemain. C’est que nous allons encore passer deux nuits dans une auberge de jeunesse avant le grand départ pour le Mexique. Lundi, débarrassés de nos affaires et vélos, on se promène dans la ville et rencontrons Chris, un warmshower qui ne peut pas nous héberger mais insiste pour nous aider. Il nous apporte deux grands cartons pour nos vélos et propose de nous véhiculer jusqu’au CBX mercredi matin. Il s’agit d’une passerelle qui permet aux voyageurs de relier les États-Unis à l’aéroport de Tijuana, côté Mexicain. De là, on peut rejoindre pleins d’endroits au Mexique pour bien moins cher que depuis les USA. C’est comme cela qu’on va rejoindre Mexico City en vol direct « interne ». Le jour d’avant est dédié à la préparation: Didier passe des heures à bricoler les vélos pour qu’ils passent dans les cartons offerts par Chris, tandis que Margaux s’affaire à d’autres activités palpitantes (mails, tri de photos, écriture de cet article, etc).
C’est ainsi que se terminent nos presque trois mois aux États-Unis, où nous avons parcouru 2’700 km pour relier Seattle à San Diego en soixante jours. La prochaine aventure se déroulera au Mexique où nous tenterons de pédaler un peu moins et visiter le pays un peu plus.