Puebla la baroque, c’est comme cela qu’est décrite cette ville du centre du Mexique. On oublie assez vite après trois jours de déambulation mais à y regarder de plus près, ça saute aux yeux! La cathédrale est énorme, les rues bien quadrillées et des éléments d’architecture européenne bien visibles.
La Malinche
Un autre truc marquant, surtout en arrivant, ce sont les volcans alentours. Ils nous ont bien titillé à nous regarder depuis leurs hauteurs du coup on a décidé de rejoindre le sommet de l’un d’eux: la Malinche à 4’420 mètres d’altitude. Il y a plusieurs façons d’y aller. Celle que nous avons finalement choisie est l’aventureuse (bien plus au retour qu’à l’aller, vous allez voir). On aurait pu se lever à 5h et prendre trois bus et arriver à 9h (comme suggéré par ce post TripAdvisor), on décide finalement de faire appel à « Didi », la concurrence chinoise d’Uber, dispo dans la région. En théorie c’est tout simple, mais en pratique on finira par poireauter 30 minutes à espérer qu’un conducteur veuille bien de nous. C’est qu’il faut en tout cas une heure de route pour arriver au début de la marche, de même que les poumons bien en forme puisqu’on passe déjà de 2’100m à 3’100m. Équipés comme on peut (bonnes baskets avec dans le sac bien trop d’habits chauds), on attaque la montée pour le moins posément; l’objectif est de s’habituer à l’altitude. Mais hormis le manque d’oxygène, le chemin est assez facile, du moins au début. Un peu moins par la suite où ça grimpe raide et ça glisse. Pas vraiment de balisage, mais y’a pas mal de monde qui monte, y’a qu’à suivre. La dernière partie, depuis environ 4’000m, c’est de la grosse caillasse!
On est surpris par le monde et son équipement; des familles et autres touristes en goguette se baladent et semblent vouloir monter jusqu’en haut avec une petite bouteille d’eau et un accoutrement qu’on considère « de ville »: petites baskets, jeans, un pull. On a un peu peur pour eux mais on continue de monter en se demandant si ça n’est pas nous qui sommes sur-équipés (doudoune dans le sac quand même). Puis passent les groupes « guidés », armés de casques et de piolets, apparemment en acclimatation pour d’autres expéditions plus ambitieuses. Le contraste est saisissant.
On arrive vers 14h, après 4 heures de montée. Dur. On ne pensait pas que ça allait nous prendre autant de temps. Vu que le dernier bus part à 17h, on trace la redescente. Grâce à deux bouts de bois trouvés au sommet, on fait la chèvre: on gambade « droit en bas », en mode « ski sur cailloux » puis sur sable. Didier est très à l’aise, Margaux l’est de plus en plus. Ça paie: deux heures après on est en bas avec le temps de boire un café avant de sauter dans le minibus. Ce collectivo a 16 sièges mais ce n’est pas le nombre de places assises qui fait foi, seulement le nombre de personnes qui peuvent y être casées. On en compte environ 22 dont un grand de bien 1m90 plié presque en deux. Trois quarts d’heure plus tard, on s’extrait de l’engin pour rejoindre un nouveau terminus. Là, on prend un plus grand bus qui devrait prendre une heure pour rejoindre le nord de Puebla. On est confiant! Vu le trafic, qui n’inquiète pas le conducteur qui entre le dépassement de deux voitures trouve le temps d’écrire deux-trois messages sur son téléphone, et le nombre d’arrêts pour prendre et déposer des gens, on passe finalement deux heures trente dans le bus bondé; mais au moins on était assis. Le dernier trajet en bus local de 20 minutes paraît très court en comparaison.
Bilan des opérations, « porte-à-porte »:
- Aller: 1h30, 335 $MX
- Retour: 3h30, 190 $MX
Bref. On a fait notre premier 4’000! On va le payer sur une semaine de courbatures, mais ça en valait la peine!
Jusqu’à Orizaba
Après une journée de flânage en clopinant, on repart finalement en direction d’Orizaba, où on espère retrouver Valentine et Philippe pour passer quelque jours ensemble, dans une rencontre « à l’autre bout du monde » assez improbable. On apprend à rouler avec les masques chirurgicaux, pour essayer de limiter l’entrée de gaz d’échappement dans nos poumons. Les étendues sont vastes, partagées entre usines de ciment, carrières de marbre et agriculture souvent manuelle (mais parfois intensive). On crèche une première fois dans un hôtel très propret à Tecamachalco, puis dans un AirBnB complètement improbable où c’est la famille de l’hôte qui nous accueille, puis essaye de nous vendre l’accès WiFi, où la douche est prise chez les voisins. Bref, on a eu un lit, mais on n’a pas traîné là.
Le dernier jour avant Orizaba, on roule sur une vaste plaine sous le « Pic d’Orizaba », le plus haut sommet mexicain (5675m), puis on plonge sur l’agglomération de Ciudad Mendoza et Orizaba, par une descente de 1’500m sur l’autoroute, entre camions de transport de briques aux freins moteurs bruyants et les sorties d’urgences si les freins arrivent au bout. C’est une journée assez facile, mais la bande de droite d’une autoroute, ça demande toujours de la concentration. Pas mécontents d’arriver!
Les quelques jours avec Valou et Philou sont passés entre balades dans le zoo public un peu triste et pathétique, ascension de la colline locale et « festival » de café, pain et chocolat. Didier et Philippe tentent aussi de compléter la suissitude de Margaux et Valentine en les faisant travailler leurs compétences au Jass. (Disons simplement qu’il va falloir se revoir. 🙂 )
Mais de notre côté, on essaie surtout de choisir notre plan pour la suite:
- remonter l’autoroute, bifurquer vers le Sud, sur Tehuacan, puis Oaxaca
- prendre le bus pour Oaxaca
- rejoindre la côte, puis l’est du pays
On finit par opter pour le bus, pour Veracruz, sur la côte du Golfe du Mexique; partir vers Oaxaca nous aurait « coincé » dans ce grand état, avec au moins 5-6 jours de vélo pour la côte Pacifique, qui nous attire finalement peu. Mais du côté de Veracruz. le manque de logements anticipé pour jalonner le trajet nous pousse finalement à prendre le bus, même si on appréhende un peu la logistique d’y caser nos vélos.
Veracruz
On arrive donc en fin d’après-midi à Veracruz, ville côtière, destination des touristes mexicains. On visite leur fort (mal foutu) et on flâne dans la ville, tout en continuant à réfléchir à la suite, en gardant en tête que Noël approche: les logements risquent d’être plus compliqués durant cette période.
Après la bonne expérience du bus pour Veracruz, tous confiants, on repart en bus de nouveau vers Villahermosa, puis Palenque, en espérant que notre correspondance se passe bien. Après 7 heures de bus, désillusion à l’arrivée à Villahermosa où il devient rapidement clair que le minibus affrété pour notre horaire ne fera pas rentrer nos vélos. Deux heures d’attente plus tard, on retrouve un autobus de taille normale, et finissons par arriver à Palenque à 20h, fourbus de tant de bus. On y a finalement réservé un joli hôtel pour 3 nuits, histoire d’être tranquilles pour Noël et les appels anticipés à la famille.
On passe le 23 à se rendre aux ruines maya de Palenque, un magnifique ensemble de structures de cette civilisation. L’accès est un peu ridicule: un collectivo jusqu’à la caisse, puis il faut en retrouver un autre pour atteindre la seule entrée restée ouverte, au sommet du site (1.5 km plus loin). La zone, bien qu’étant conservée de manière insuffisante, présente d’impressionnant bâtiments et les vues des ces immenses structures, lovées dans une luxuriante jungle, sont vraiment belles.
Nous sommes repartis de Palenque le jour de Noël, à vélo cette fois! Dans le prochain épisode: Didier & Margaux à l’épreuve du soleil du Tabasco.
Totaux (au Mexique)
- 363 km à vélo
- 1836m de dénivelé positif cumulé
- 746km en bus