Une semaine de contrastes! Après être arrivés en bordure du Pacifique, on était un peu inquiets de la monotonie « Océan à droite, montagnes à gauche »; on a bien été rassurés! Les grosses montées en forêt et de folles descentes jusqu’au bord de l’eau sont devenues notre pain quotidien.
Mais cette semaine est aussi marquée par nos surprises météorologiques: la météo de la côte nord-ouest est bien moins docile que la suisse: les prévisions changent souvent, et il est parfois bien difficile de savoir s’il pleuvra le matin, l’après-midi, si on se prendra une bruine ou une bonne rincée. Du coup, des fois ça marche bien (prévu du beau, eu du beau, bien roulé!) et des fois moins bien (prévu du moche, roulé 25 km vers un AirBnB déjà réservé, passé l’après-midi à flâner au soleil parce qu’il n’a pas plu ce qu’il aurait dû!). Bref, on a passé un bel après-midi à Yachats. C’était l’occasion pour Didier d’enfourcher Arion sans bagages pour quelques kilomètres bonus (vers Thor’s Well) pendant que Margaux explorait la plage à pied (tout en découvrant une bébé baleine échouée depuis des semaines, noyée par un orque d’après une locale).
Mais un peu de repos ne sera pas de trop pour les étapes à venir. On vise toujours d’avancer assez avant la pluie, du coup on se convainc de se lever de plus en plus tôt. Le lendemain, départ sans déjeuner avec un porridge chaud dans les sacoches, pour Dunes City avant l’arrivée de la perturbation. On croise (finalement!) deux cyclistes sur la route qui nous proposent de nous héberger dans leur yourte d’un State Park. Une bien chouette offre que nous devons décliner puisqu’une nous avons déjà réservé une petite cabane de jardin avec un lit à étages, un petit chauffage et un frigo. C’est petit mais parfait pour le déluge qui arrive bel et bien. Il reste plus qu’à regarder quelques épisodes de série et les biches qui se baladent dans ce camping à RV.
S’adapter à nos hôtes « warm showers »
Mercredi, rebelote, départ tôt pour profiter du relatif beau temps et viser notre prochain hôte Warmshowers à Coos Bay. On se sait jamais trop à l’avance chez qui on met les pieds, c’est chaque fois une authentique découverte. Tom, enseignant à la retraite, ressemble à un bûcheron barbu et bourru, et les premières minutes sont un peu arides; il faut nous apprivoiser parmi! On finit par profiter de son incroyable douche à vapeur, l’aider à nous préparer une super pizza maison (de son levain!) et une incroyable salade au saumon fumé du coin, pour finir la soirée autour d’un verre de whisky. Le lendemain, réveil à 06:42, mais il a pris le temps de nous mijoter un petit déjeuner de cyclistes: bacon et pain perdu, accompagné de notre meilleur café jusqu’ici! Du coup, on est bien remplis et en route à 07:40! Mais il pleut ce matin-là. Pas facile pour le moral; d’autant qu’une bonne montée nous attend après Charleston (non, pas celui de Caroline du Sud, merci à ceux du fonds de suivre le cours, merci).
On enchaîne avec deux jours de beau qui font du bien au moral et nous permettent d’avancer. On en profite pour dormir deux nuits de suite dans deux campings, sans réserver en avance. Ils ne sont pas chers et bien équipés: toujours une douche chaude, de l’eau potable et des emplacements tout à fait respectables. Mais le réveil à 7:30 dans l’ombre de la forêt humide (il fait toujours humide au bord de l’Océan, autre découverte!), est souvent revigorant! Ces quelques soirées dans ces campings nous font comprendre aussi que les Américains campent très différemment de nous: avec nos deux vélos, 8 sacoches, on fait vraiment pâle figure face aux mastodontes dans lesquels vivent certains!
Donc, après une étape de 80km pour atteindre notre premier KOA entre Langlois et Port Orford, puis une bonne étape de 65km pour atteindre le Turtle Rock RV Resort de Gold Beach, notre sixième jour de vélo nous fait atterrir chez Karen et Jim à 4 miles de la route principale après la ville de Brookings, la dernière de l’État de l’Oregon!
On l’avait un peu senti en lisant son profil, mais ça se confirme dès notre arrivée chez elle: Karen est un personnage. Cette octogénaire hyper-active (elle dit être probablement affectée par des troubles de déficit de l’attention), cultive sa marijuana médicale (avec CBD ou THC) pour en faire des lotions, gouttes, biscuits, feuilles séchées, etc; qu’elle fait sécher dans le salon et dans un ancien bureau; bref, ça sent la beuh partout, et on s’endort après un demi-biscuit de CBD. On a avant eu le temps de s’empiffrer de Mac’n’Cheese et de vin rouge. Le dimanche pluvieux sera similaire avec un prime une lessive et la possibilité de porter ses vêtements en attendant que tout sèche. Karen a le cœur gros comme ça. Il y a deux ans, elle a accueilli jusqu’à une vingtaine de cyclistes bloqués par les feux de forêt. Elle adore également les animaux: elle a deux chiens et deux chats, et a eu récupéré tous types de bêtes en fin de vie pour leur offrir de belles années (chiens maltraités, oiseaux déplumés, chats errants, …). En échange, on a juste réussi à lui faire une vaisselle et lui reconfigurer son routeur WiFi.
On repart ce lundi matin le cœur léger, les bagages pleins de savons à la marijuana, de pommes séchées et des souvenirs pour la vie. La semaine à venir est cependant peu réjouissante, le soleil n’a pas l’air de la partie! Mais on va tout de même tenter de continuer notre vadrouille vers le Sud et San Francisco. On a déjà couvert à peu près 930km depuis notre départ de Seattle. On sera en Californie d’ici ce soir 🙂